محاربو الصحراء يتعرّفون على منافسيهم في مونديال 2026
رياضة
2025-12-05

Abed Charef
Le discours anti-colonial a fait un retour remarqué cette semaine à Alger, avec la conférence internationale sur les crimes coloniaux en Afrique, organisée fin novembre. La présence de poids lourds africains, comme l’Afrique du Sud, l’Éthiopie et l’Algérie notamment, a donné de la consistance à l’événement. Une suite est attendue, avec l’institution, par l’Union africaine, d’une «Journée africaine d’hommage aux martyrs et victimes de la traite transatlantique, de la colonisation et de l’apartheid».
Les sujets abordés lors de cette conférence vont du plus consensuel au plus polémique. Ils ont été évoqués par le ministre des Affaires étrangères Ahmed Attaf, qui a affirmé le droit de l’Afrique de réclamer la reconnaissance «officielle et explicite» des crimes commis contre ses peuples. «L'Afrique a le droit, tout le droit, de réclamer la reconnaissance officielle et explicite des crimes commis contre ses peuples durant la période coloniale», a-t-il déclaré, affirmant que «la reconnaissance est la moindre des choses et le minimum que l'on puisse faire».
Ce sujet relatif à la reconnaissance des crimes est à-priori banal, et pourrait faire consensus, à l’exception de l’extrême-droite occidentale. C’est pourtant un thème qui pose problème à la droite classique et même à une partie de la gauche européenne, largement impliquées dans le fait colonial.
Le président Emmanuel Macron s’y était essayé lors de sa campagne de 2017, en déclarant que la colonisation est un crime contre l’humain, mais il ne s’est plus aventuré sur ce terrain. Le sujet reste trop risqué.
En France, la droite héritière de De Gaulle et la gauche de Mitterrand sont elles aussi très embarrassées par la question. Le premier était à la tête de la France libre quand ont été commis les crimes du 8 mai 1945, et il a tenté un forcing militaire désespéré quand il est revenu au pouvoir en 1958, avant d’admettre que le système colonial était fini. Il était au pouvoir en 1961 lorsque, le 17 octobre, la police française a réprimé dans le sang une manifestation pacifique d’Algériens, faisant un nombre inconnu de victimes, probablement plusieurs centaines, dont certaines jetées dans La Seine; quant au second, il a toujours été otage de sa déclaration faite en réaction au 1er Novembre 1954, lorsqu’il a affirmé qu’avec le FLN, «la seule négociation, c’est la guerre», avant de valider, en tant que ministre de la Justice, l’exécution de condamnés à mort du FLN.
La chute des idoles
Admettre un crime, c’est admettre la responsabilité des dirigeants qui étaient en poste pendant la colonisation. Cela va de Jules Ferry à De Gaulle, de Churchill à Bismark, pour n’évoquer que ceux dont l’histoire a gardé une image positive dans leurs pays respectifs.
Or, ni l’Allemagne n’admettra de déchoir Bismark, qui a consolidé l’unité du pays avant de lancer l’occupation de la Namibie, où a été commis ce qui est considéré comme le premier génocide du XXème siècle; ni la France n’acceptera une remise en cause de De Gaulle; ni la Grande Bretagne n’admettra que son héros le plus célèbre du siècle passé soit responsable d’une famine qui causé plus de deux millions de morts en Inde, dont les habitants, selon lui, «se reproduisaient comme des lapins», et dont les dirigeants étaient non seulement «non civilisés », mais aussi « incapables de gouverner».
Séquelles et révisionnisme
Admettre le crime colonial, c’est admettre aussi les séquelles de la colonisation et les possibles réparations qui devraient en découler. Au titre des séquelles, M. Attaf a cité «l'exclusion, la marginalisation et le sous-développement subis» par l’Afrique du fait de la colonisation, ce qui a provoqué «l'exclusion de l'Afrique de toutes les révolutions politiques, économiques, technologiques, scientifiques et sociales, révolutions dont a bénéficié le reste de l'humanité».
Ceci est encore plus évident pour les colonies de peuplement qui visent à «effacer toute une nation de l'existence, avec ses composantes, ses systèmes, ses institutions, son identité, sa culture, sa religion et même sa langue». C’est un schéma qui évoque ce qui se passe en Palestine, et qui constitue un argument de poids face à un discours révisionniste selon lequel les anciennes colonies sont indépendantes depuis plus demi-siècle et n’ont plus le droit d’utiliser le passé pour justifier leur situation. Comment espérer rattraper le cycle de la civilisation quand on part du néant, avec une pauvreté endémique au sein d’une population presque totalement analphabète?
?Une question d’argent
Cela amène évidemment à la question des réparations, auxquelles les anciennes puissances coloniales préfèrent l’aumône, sous différentes formes: aide au développement, investissements, coopération, etc., qui finissent d’abord par satisfaire les besoins de l’ancien colonisateur: aider la petite agriculture au Mali, c’est éviter d’avoir des migrants supplémentaires; exploiter une mine d’uranium au Niger, c’est garantir une source d’approvisionnement pour le nucléaire français, etc.
M. Attaf pose la question autrement. Pour lui, l'Afrique «a le droit de réclamer une compensation juste, et la restitution des biens pillés». Le sujet a souvent été effleuré, évoqué, examiné, étudié, mais rarement présenté comme une revendication officielle et légitime.
Des implications concrètes
Dans les grands mouvements de l’histoire, l’humanité a eu des recours à des pratiques criminelles, honteuses, difficiles à admettre. L’esclavage, le racisme, l’apartheid, le génocide en font partie. Elle a fini par les abandonner et les considérer comme des crimes. Elle n’en a pas encore fait de même pour la colonisation. Ce qui pousse M. Attaf à «réclamer la criminalisation juridique internationale, sans équivoque, ni ambiguïté, du colonialisme».
Ce n’est pas une simple posture politique ou morale. C’est une revendication forte, avec un impact politique puissant et immédiat. Pour la Palestine par exemple, cela signifie une condamnation tranchée de la colonisation israélienne, ce qui devrait avoir pour conséquence une action concrète de la communauté internationale, à travers le Conseil de sécurité, contre Israël.
Une telle décision impliquerait un bannissement de l’idée coloniale à l’avenir, car contrairement aux idées reçues, rien n’est immuable, rien n’est définitivement acquis. Un retour à la colonisation, même sous d’autres formes, n’est jamais exclue.
Cela imposerait aussi une relecture profonde de l’histoire, à travers laquelle on découvrirait que les sauvages et les barbares ne sont pas ceux que l’on croit.
?Une loi, pourquoi faire
Ceci dit, la criminalisation de la colonisation à travers une loi spécifique a été évoquée de manière récurrente en Algérie, mais elle n’a jamais été consacrée. Il y’a même eu une proposition de loi en ce sens en 2005, un projet qui n’a pas abouti.
L’idée de cette loi est vue, côté français, tantôt comme une preuve de la rente mémorielle sur laquelle s’appuie le pouvoir algérien, tantôt comme une arme de négociation, voire comme du chantage. Elle n’est jamais vue pour ce qu’elle devrait être: un texte qui pourrait codifier certaines pratiques liées à la mémoire et l’histoire, un peu à l’image de la loi sur le négationnisme en France ou les textes sur la condamnation de l’apologie de toutes formes de crimes. La première grande initiative en Algérie concernant la criminalisation du colonialisme a d’ailleurs été lancée dans la foulée de la loi française glorifiant la colonisation!
Mais au plan interne, en Algérie, une telle loi poserait problème. Non pour son contenu ou par son orientation politique, mais par son utilité. La condamnation du fait colonial est consacrée dans la constitution et dans tous les textes officiels de l’Algérie. Lui consacrer un texte spécifique, c’est presque la désacraliser. Les Algériens n’ont pas besoin d‘une loi pour savoir que le colonialisme est un crime. Ils ont sacrifié un million et demi de martyrs pour le signifier, me disait feu Abdelhamid Mehri à ce sujet. La question est plutôt d’immuniser le pays contre ce risque.
Une autre question se poserait alors. Pendant toute cette période où il n’y avait pas de loi spécifique, cela signifie-t-il que le colonialisme n’était pas considéré comme un crime? Que les propos favorables à la colonisation étaient acceptés? Dans ce cas de figure, il faudrait reprocher aux pouvoirs qui se sont succédés jusque-là d’avoir manqué de vigilance, de ne pas avoir agi en ce sens, ce qui est un non sens.
رياضة
2025-12-05
أخبار
2025-12-05
أخبار
2025-12-05
أخبار
2025-12-05
أخبار
2025-12-05
أخبار
2025-12-05